A propos de « L’étourdissement »

Création Théâtre du Grain – janvier 2014

 

La partition sonore est basée sur le contraste entre l’usage des sons & traitements électroacoustiques, et celui de la mandoline elle-même traitée en direct.

Ce contraste révèle celui entre les hommes, dans un brouillard spatial et temporel permanent (la mandoline, fragile, improbable ), et leur environnement incisif, pollué et fantasmatique, (la matière sonore précise et tellurique).

Je souhaite par-là matérialiser ce bouleversement extrêmement contemporain que le texte révèle, entre le passé, où l’homme s’agitait sur son socle environnemental immuable, et le présent, où l’homme s’immobilise, se fige dans son action politique, mais aussi dans son identité et son rapport au temps, tandis que l’environnement lui s’emballe, accélère son mouvement tel qu’il ne l’a jamais fait.

L’action des personnages est figée dans un espace-temps de plus en plus flou, improbable, tandis que leurs points cardinaux font la révolution c’est l’environnement, le socle qui bouge, se fend se craquelle, s’anime, la maison prend vie, pendant que l’homme meurt dans le fossé d’il ne sait plus quelle route.

L’environnement pollué, le décor, est devenu personnage principal, et rend sensible cette inversion du rapport fond-forme, la forme, le personnage devient flou, tandis que le fond, le décor devient net, s’autorise la dimension poétique face au texte des protagonistes, le décor de cette histoire humaine a cessé d’être un décor, est devenu acteur. L’univers sonore pose la question du futur, « un jour je partirai» affirme le jeune homme, pour lui les temps sont accomplis, est-ce que la fin de l’espoir signifie le début de l’action ?

L’usage d’un système de diffusion quadriphonique permet de construire et situer précisément cette partition dans l’espace du public, les sons de l’environnement et la mandoline.

 

Jean-Luc Aimé

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